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Melting Pot et vin blanc doux

22 juillet 2020

Réminiscences...

Mon Chonchon à cinq ou six ans, et il vient de perdre sa première dent de lait. Je lui parle de la souris, et de la fortune qui l'attend. Chonchon est un sceptique de nature, et d'autant plus méfiant que j'ai l'habitude de le mener en bateau chaque fois que l'occasion s'en présente. Mais il dépose tout de même sa dent sous l'oreiller en allant se coucher. Sur le coup des dix heures, une fois qu'il est endormi, je me glisse à pas de loup dans la chambre, un billet de cinq francs à la main... mais c'est quoi ce bordel ? le sol est couvert de farine, ça sent le coup fourré. Je me pose une seconde, et j'essaie de comprendre. Mais oui ! il veut s'assurer qu'il s'agit bien d'une souris, et si c'est le cas, il y aura forcément des empreintes. Alors du bout des doigts, je dessine une trace de souris dans la farine, ravie de mon astuce.

Au petit matin, Chonchon déboule dans ma chambre.

- Ah ! Je savais bien que c'était toi !

- M'enfin ? Pourquoi tu dis ça, l'interrogé-je éberluée de l'échec de ma ruse.

- Y'a pas de farine sur mon drap. Si c'était une souris, elle aurait eu de la farine sous les pattes, et on verrait les traces sur mon drap. ET Y'EN A PAS !

Moralité, faut se méfier avec les mômes, on croit qu'on peut les couilloner sans peine, mais faut pas pousser le bouchon trop loin...

 

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6 mai 2020

Donnez le Si.

Donnez le si

 il pousse un if

Jouez au bridge

et le pont s’ouvre

Engloutissant les canons les soldats

Au fond, au fond affectionné de la rivière rouge

Ah oui, les anglais sont bien dangereux.

 

Ces quelques lignes sont une bricole magistrale de Boris Vian. A mon humble avis bien sûr. Je vous laisse le début du code, qui est tout de même assez évident pour les anglophones : if est la traduction de si. Certaines choses sont clairement apparentes, d'autres requièrent des interprétations plus ou moins salaces. Amusez-vous si ça vous chante, mais vite, parce que dans cinq jours c'est retour au boulot...

22 mars 2020

C'est la vie. Ou Mistranslation, ou Spot on…

 

 

J’étais adossé au meuble de cuisine, à attendre le frémissement de la bouilloire pour mon thé. Elle est passée comme un glissement furtif dans l’air. Ce n’était pas la première fois. Il en passait bien deux ou trois fois par mois. Généralement des asiatiques, toutes pareilles, blanc et bleu-ciel. Il n’y avait que la couleur de leurs gants de plastique qui changeait. Des Bleus, des roses, des vert-amande[1]. Celle-là, elle a traversé devant ma fenêtre les pieds en l’air, la tête en bas, l’air étonné, son éponge à la main avec son fichu qui faisait comme une pointe de flèche. J’ai pensé que dans cette position, sans stabilisateurs sur ses chaussures à lacets, sa trajectoire allait être hasardeuse, et qu’elle risquait de tomber sur le camion du marchand de nouilles.

C’était stupide, elle est tombée pile à l’aplomb, comme toutes les autres, sur le bitume à dix mètres du camion, à l’entrée du building. D’ailleurs ça m’a surpris le soir quand je suis allé acheter mes nouilles chez le chinois, parce que cette fois, personne n’avait nettoyé la tache.

Le marchand de nouilles, c’est un chinois sourd muet. Pas du genre à vous faire la conversation, et c’est d’ailleurs pour ça que je vais toujours chez lui. Rien ne me gonfle plus que la conversation oiseuse des commerçants. Avec lui, pas de risque, je lève une fois l’index pour lui montrer ce que je veux, et une fois le pouce pour lui dire merci quand il a fini de me servir. Mais aujourd’hui, il était en verve, ce con là. Il s’est mis à me gesticuler des choses auxquelles je ne comprenais rien. Il m’aurait parlé chinois que c’était pareil. Ou bien pire, un chinois sourd muet qui vous fait la conversation, allez savoir de quoi il vous cause. Mais bon, il insistait visiblement, et je ne voulais pas avoir l’air impoli, alors j’ai fait un effort. Il a pointé un index impérieux vers ses yeux, que j’ai traduit par « regarde », ou « regardez », je sais même pas si il me tutoie ou me vouvoie. J’ai pensé que ça allait être coton, et que mon thé serait froid le temps que je remonte, mais bon. Alors regarde quoi ?

Il a de nouveau pointé l’index, derrière moi, en agitant de l’autre main son bidon de sauce à l’huître. Je me suis retourné, mais derrière moi y’avait rien, sauf la tache. J’ai dessiné dans l’air un point d’interrogation. Y’a des points d’interrogation en chinois ? Mouais, à voir sa tronche, qui affichait le code universel pour dubitatif, y’en a pas. Faudra que je vérifie tout à l’heure. J’ai haussé les épaules, et je suis reparti  d’un bon pas, avec mon paquet de nouilles à la main, en le laissant gesticuler de l’index et du bidon. J’ai compris au moment où ma semelle a glissé sur la tache, juste avant de me fracasser la tronche sur le pavé. C’était pas le résidu de la laveuse de carreaux, c’était de la sauce à l’huître, hyper glissante.

 



[1] Putain cette pro des accords des adjectifs de couleur !

12 février 2020

Rendons à César...

Suétone raconte, dans la vie des douze Césars, comment Tibère, qui tolérait mal l'ennui, avait imaginé pour varier les plaisirs, une nouvelle torture. L'infortuné élu se voyait contraint d'avaler de grandes quantités de vin avant qu'on lui lie la verge à l'aide d'une corde de luth. Lorsqu'on tirait sur la corde, la douleur de la ligature se voyait doublée de celle de l'irrépressible, mais impossible à satisfaire, envie de pisser.

Contente de ma trouvaille, j'en fais profiter Jules le soir entre la poire et le fromage, et j'attends ses commentaires.

"Pourquoi du vin ? On pourrait avoir le même effet avec de l'eau."

Allez parler culture à un homme obsédé d'économie.

28 juillet 2019

comment empêcher les chiens d'aboyer ?

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ce moyen d’empêcher les chiens d’aboyer, piqué dans Les œuvres magiques de Henri Corneille Agrippa : Dites, en entrant sur le territoire, et avant qu’ils vous aient senti, Terra Farra[1] Garra, par la vertu de mon couillon gauche, laissez nous passer, je m’en vais en débauche, répétez-le trois fois, retenant de la main votre couillon gauche et le tournant[2].



[1] L’ouvrage étant imprimé dans la typographie antique qui note f les s, il ne sera pas inutile d’essayer la formule Terra Sarra Garra

[2] Pour les filles, c’est plus dur.

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28 juillet 2019

Comment venir à bout des hémorroïdes...

Les maux les plus triviaux, et constants de l’humain, souvent prêtent à rire à ceux qui en sont exempts. Parmi ceux-ci, on pourra citer les hémorroïdes, qui depuis que l’homme est homme empoisonnent son existence. Il est rare, pourtant, de trouver dans la littérature un héros affligé de cette douloureuse affection. Je ne me souviens de l'avoir vue mentionnée qu’une fois lors de mes lectures, dans « Les âmes mortes » de Nicolas Gogol qui écrivait « Il soupa d’un cochon de lait, se déshabilla, se glissa sous la couverture et s’endormit aussitôt d’un profond sommeil, du merveilleux sommeil, apanage des heureux mortels qui ignorent les puces, les hémorroïdes et l’excès d’intelligence.

Or ce matin, vaquant à des lectures erratiques (les meilleures), je tombe dans l’Enchiridion Leonis Papae (publié pour la première fois aux environs de l’an 800 et gracieusement offert à Charlemagne) sur ce remède qui j’en suis sûre en intéressera plus d’un.

« Dites, en les repoussant trois fois avec le doigt du milieu de la main droite : Broka Broker, que dieu m’a fait, je ne les ai plus de par Jésus. Frottez les deux fois par jour avec du beurre frais mêlé de jus de morelle[1] ».

Si d’aventure cet antique expédient s’avérait inopérant, vous pourrez toujours tester celui recommandé par Henri Corneille d’Agrippa dans ses Œuvres Magiques en 1547 : « Prenez, du doigt du milieu de la main droite de la salive à votre bouche et touchez-en les hémorroïdes en disant : Broches, va-t’en, Dieu te maudit, au nom du père du fils et du saint esprit. Après quoi dites neuf Pater et neuf Ave. L’on continue pendant neuf jours, le second, on n’en dit que huit, et l’on diminue chaque jour en suivant l’ordre de retour. »

N’hésitez pas, surtout, à revenir sur ces pages pour me faire part des résultats…

 

 



[1] plante herbacée de la famille des Solanacées, appartenant à l'important genre Solanum, qui contient notamment la pomme de terre, l'aubergine, la tomate, et la douce-amère

21 juin 2019

Un problème de timing...

J'ai consacré ces dernières semaines au polissage d'une traduction d'examen, travail qui m'a pris plus d'un an. Il me restait quelques points noirs ici et là, des choses pas jolies à améliorer. Ceux qui ont l'habitude des examens savent qu'il y a des erreurs à ne pas faire. Garder la tête dans le guidon par exemple, en négligeant d'aller s'aérer l'esprit sur Facebook par exemple. Hélas pour moi, c'est une erreur que je répète à chaque fois. Quand un problème m'obsède, je lui consacre tout mon temps, toute mon énergie, et jusqu'à mes heures de sommeil où tous mes rêves tournent autour de cette obsession. Comment traduire timing ? "The timing has to be right". A force d'employer des anglicismes, nous devenons incapables de les contourner. C'est ce qui est arrivé pour cette fois. J'ai gardé ce fatidique timing en français, bien consciente pourtant qu'il n'avait rien à faire là. Je vais payer cher mon erreur. Si j'avais, comme tout un chacun, fermé mon fichier pour aller faire un tour sur Facebook, j'y aurais trouvé de lien envoyé par un copain,

Le mot juste en anglais

Un blog destiné à tous les locuteurs français qui s'intéressent à la langue anglaise DE DIVONNE-LES-BAINS À LOS ANGELES : UN PONT ENTRE LE MONDE FRANCOPHONE ET LA CULTURE ANGLO-AMÉRICAINE

https://le-mot-juste-en-anglais.typepad.com


et j'y aurais trouvé toute prête la solution à mon problème. Le timing, c'est "le choix du bon moment". Bien fait pour moi. Mais aussi, Xavier, si tu m'avais envoyé ça par mail, je l'aurais lu dans la foulée, c'est de ta faute !

14 mars 2019

singing in the wind

Tout autour le ciel délavé à peine ponctué de sternes dessinait un linceul d’été. Les jupes des rares passantes s ‘envolaient de mistral, salé, mouillé à peine de quelques gouttes, comme un parfum vaporisé. Les pins parasols torturés montraient aux acacias frivoles qu’on n’ondule pas dans le vent quand on est né bien éduqué en restant droits dans les bourrasques. Ici et là des clebs amorphes imprimaient leur odeur fétide  à des jardins en déshérence clos de bambous mal équarris, des vieux aux pupilles transparentes parlaient entre eux des jours passés,  en désignant du bout ferré de leurs cannes à tenir courbé une môme aux mollets maigres prisonnière d’une corde à sauter, et sur les fils pendus dans l’air, les tourterelles faisaient entendre le même chant qu’hier et demain, le coucourou des jours qui passent, un jour brûlant, un jour glacé, sous le ciel ponctué de sternes qui dessine un linceul d’été.

 

12 mars 2019

Aujourd'hui est un grand jour

Pas pour moi, et c'est bien normal vu les degrés de glandage auxquels j'atteins depuis quelques mois, mais pour mon copain de plume Christian Cottard, dont le premier ouvrage est enfin publié là :

https://tiretdu6.eu/accueil/37-du-sud-9782490274024.html?fbclid=IwAR3f9VWYVKy8UPx34bbAElmVik4LvYFLySQQakSae9-0WArYftq2tqQAQ_s

C'est présenté comme un recueil de nouvelles, mais à mon sens ce ne sont pas des nouvelles qu'écrit Christian (vous savez que je pinaille toujours sur les définitions). Ce sont des portraits. De vous, de moi, du monde comme il est. Surtout le monde du sud, mais pas que. Des portraits tout en finesse, écrits avec une plume bien chantournée, chaude et dorée comme une plume de faisan. Un faisant de mots rouges, dorés, brun d'automne ou bleu profond autour du cou, coup de maitre ou coup de grâce suivant le temps qu'il fait dehors. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse suivre le fil et lire tout seuls. Bravo Christian. Son blog est là https://cestpourdire.blogspot.com/

 

7 novembre 2018

TedX

La dixième édition du TedX se tenait hier soir au Grand Rex. Une douzaine d’intervenants de tous horizons, pour certains visiblement morts de trac au début de leur show, étaient venus nous parler de l’Inconnu. Les grands fonds marins, l’Autre, l’Univers, le clitoris ou le Dark Web, et bien d’autres choses encore, toutes passionnantes. Un grand moment de découverte et de plaisir partagés. Un exercice d’autant plus difficile pour les conférenciers qu’ils ne disposent que d’un petit quart d’heure pour nous faire entrevoir leur champ de recherches. Allez donc faire rêver un néophyte à l’expansion de l’Univers en si peu de temps. Et pourtant, tous ont réussi leur pari, avec plus ou moins de bonheur suivant la réceptivité au sujet des auditeurs rassemblés là.

Dans les années 80, Françoise Gaill avait fait partager au monde sa découverte des créatures des grands fonds marins, nourries de sulfure dans des conditions si peu propices à la vie qu’elles faisaient figure d’extra-terrestres. Son micro exposé, hier soir, nous a rappelé à quel point la nature sait faire feu de tout bois. La nature a horreur du vide. Est-ce pour cela que l’univers est en expansion ? J’admets bien volontiers que les explications de Sandrine Codis n’ont fait qu’effleurer doucement mon cortex, mais les astrophysiciens sont des poètes, des rêveurs insensés qui pointent du doigt la cohérence des étoiles là où vous et moi ne voyons que poussière, et distinguer, grâce à eux, le contour vague d’un ordre sous-jacent est toujours une expérience magique. Mais l’intervention la plus marquante, et sûrement la plus importante, était sans doute celle de Ludovic Duguépéroux, marin de l’Aquarius, venu partager une vision du monde bien plus terre à terre et essentielle. On ne saurait, dit-il, faire passer les considérations politiques ou économiques avant l’humanité. Lui a vu, jour après jour, la détresse de ces hommes, femmes et enfants embarqués sur des radeaux d’infortune, rejetés par les hommes et la mer, mais toujours vivants d’espoir. L’espoir de vivre encore, encore un peu, tout simplement. Si son plaidoyer s’est achevé devant une salle debout, émue aux larmes par son récit, c’est justice, et c’est aussi la preuve que si Pétain n’est pas mort, la France des Lumières non plus. La lumière qu’il a fait naître dans le cœur et les yeux des gens, et qui continuera de briller, et d’accueillir l’Inconnu, d’où qu’il vienne.

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